Interview Kaba Diakite,directeur général de l’office de la promotion de l’artisanat de la Guinée

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En marge du Salon Minyadina, tenu à Casablanca du 3 au 6 décembre dernier, Kaba Diakité, directeur général de l’Office national de promotion de l’artisanat de la Guinée, nous parle des mutations en cours dans le domaine de l’artisanat et évoque le potentiel du secteur du tourisme en Guinée.

Les Afriques : La Guinée est dans une logique de relance des activités du secteur artisanal. Quels sont les aspects particuliers que vous envisagez de développer ?

Kaba Diakité : Nous sommes dans une dynamique de relance des activités hôtelières, touristiques et artisanales. Aujourd’hui, l’une des priorités du président de la République est d’amener les jeunes à s’intéresser aux formations dans les différents métiers qui existent, parce qu’en Guinée c’est l’artisanat qui constitue le plus grand bastion de l’employabilité. Vue cela, le gouvernement s’implique dans le domaine pour amener les Guinéens à s’y intéresser davantage à travers les différents corps de métier de ce secteur.

LA : Pour développer le secteur de l’artisanat, nous savons qu’il y a le volet renforcement des capacités et le volet promotion. Quelles sont les activités initiées en vue de promouvoir l’artisanat guinéen ?

K.D. : Evidemment, lorsqu’on parle de l’artisanat, il faut s’appesantir sur la formation avant de parler du volet promotionnel. Il y a des écoles qui sont en train d’être créées en Guinée, les travaux ont déjà démarré. Au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur, il y a beaucoup d’efforts qui sont faits pour amener les jeunes guinéens à être performants, à disposer d’un savoir-faire dans le domaine de l’artisanat.
Il y a aussi des activités qui sont propres à la Guinée qui sont à détecter et à perfectionner, pour permettre à la Guinée de fabriquer des produits de qualité vendables au niveau national comme à l’international. Tout cela ne peut pas se faire sans des partenariats. Nous nous déplaçons beaucoup. Aujourd’hui, nous sommes au Maroc pour trouver des partenaires. Nous avons signé des partenariats avec les Marocains pour permettre aux artisans guinéens de rehausser leur niveau, d’acquérir le savoir-faire dans certains secteurs et métiers.

LA : Selon vous, il y a beaucoup de potentiel dans le domaine de l’artisanat en Guinée. Mais quels sont les obstacles que les acteurs de ce domaine rencontrent sur le terrain et qui empêchent le décollage de ce secteur ?

K.D. : Les acteurs de ce domaine rencontrent effectivement pas mal de difficultés. Ils sont quand même organisés à leur niveau. Mais l’accompagnement fait parfois défaut. Raison pour laquelle le président de la République a fait de ce secteur son cheval de bataille. Il faut que les artisans soient aidés, il faut qu’il y ait des financements conséquents qui soient injectés au niveau de ce secteur, car l’artisanat c’est le plein emploi, tant dans le milieu urbain que rural. La majeure partie des Guinéens aujourd’hui ne font que des petits métiers. Tous ces petits métiers constituent un terreau de l’artisanat.
Au niveau de la transformation agroalimentaire, il y a des programmes de financement à travers la banque Afriland First Bank.
Aussi, les femmes sont assez boostées par le président de la République pour leur permettre de se mettre en coopératives et d’acquérir des connaissances afin de mieux valoriser les aliments et les produits qu’elles sont à même de confectionner, à savoir dans la fabrication alimentaire, la saponification, la teinture, le textile, la couture, et pleins d’autres métiers. Même dans la sculpture, aujourd’hui nous avons beaucoup de Guinéens qui savent bien travailler le bois. Tout cela réuni nous amènera à booster et à mieux diversifier le secteur.

LA : Certains pays comme le Maroc ont capitalisé une grande expérience, notamment dans la modernisation des activités artisanales. Comptez-vous prendre des mesures afin de bénéficier de du savoir-faire de ces pays et favoriser le transfert de connaissances ?

K.D. : C’est justement la raison de notre présence à ce salon. Sachant que les Marocains sont très en avance, nous avons profité de cette 3ème édition du Salon Minyadina pour faire des visites au niveau de l’Académie des Arts qui se trouve au niveau de la mosquée Hassan II à Casablanca. Nous avons vu assez de technicité. Nous avons besoin de l’expérience marocaine. Pour l’artisanat certes, il faut avoir un savoir- faire, mais il faut aussi du matériel. Et en Afrique, nous manquons de matériel.

LA : Pour terminer, quels sont vos objectifs et vos ambitions pour le secteur artisanal guinéen ?

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K.D. : Notre objectif c’est de perfectionner ce secteur et le tirer vers le haut, parce que nous avons pendant les cinq années passées un vaste programme dans le domaine hôtelier. Il y a assez d’hôtels qui ont été construits en Guinée. Qui parle d’hôtels parle de vendre la destination Guinée au niveau touristique.
Donc, l’artisanat guinéen doit se mettre au diapason de l’évolution actuelle des choses, parce qu’attirer les touristes, cela rime avec le développement de l’artisanat. Donc notre ambition, c’est de faire de l’artisanat guinéen un des meilleurs de la sous-région.

PROPOS RECUEILLIS PAR IBRAHIM SOULEYMANE